vendredi 7 avril 2017

Monâzara ou débat entre Zoroastrien et Musulman


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Monâzera (débat) entre ; Mage Zoroastrien et Imam Musulman
Manuscrit de XIème siècle

Ce texte rédigé dans le genre littéraire de Monâzera (débat ou dialogue) a été reporté par Assadi-î Tussi (abu nasr), grand poète et dramaturge persan du XIème siècle, également auteur du fameux Garshâsp-Namah (le livre du Garshâsp ; Garshâsp ou Vishtâspa a été le VIIIème roi de la dynastie des Kayanid, environ 2100 ans av-JC. Il fût le premier monarque perse à avoir embrassé la foi Zoroastrienne).

Du point de vue astrologique l'examen de ce texte est d'un grand intérêt car il enseigne sur la nature élémentaire et les qualités Astrologiques de ses deux grandes religions que sont l'Islam et le Mazdéisme. Jusqu'au VIème siècle le Mazdéisme est toujours la religion dominante de la perse.

Les invasions islamiques de 637 à 751 aboutirent à la chute de la royauté hégémonique des perses Sassanides dans la région, et leur héritage plusieurs fois millénaires fut livré aux flammes. La religion zoroastrienne fondée par Zoroastre le Spitamide vers 2100 ans avant JC (vers la fin de l'ère du Taureau et le début de l'ère de Bélier), tomba peut à peut en disgrâce et les zoroastriens devinrent une minorité au sein de leur propre pays.


Mars (Vahrâm) manuscrit persan XIVeme 

La religion zoroastrienne est un culte Martien régi par l'adoration des feux sacrés et une philosophie Jupitérienne (Jupiter qui en astrologie persane et égyptienne régit le troisième décan de Bélier). Elle est basée sur la trinité ignée intrinsèque au signe de Bélier et la triplicité des signes du feu :

Humata, Huxta et Hvarshta (c'est-à-dire la bonne pensée, la bonne parole, et la bonne action) sont les principes fondamentaux de la religion zoroastrienne.

Le mazdéisme est une religion qui est apparue chez les perses vers la fin de l'ère du Taureau et le début de l'ère de Bélier aux alentours de 2100 à 1990 ans avant JC. L'influence sidérale de chaque ère zodiacale fait naître une religion qui reflète les valeurs astrologiques de la constellation qui la régit. En règle général chaque religion qui surgit au début d'une ère zodiacale perdure au moins 2160 ans, et parfois plus. Mais au-delà de cette durée, une religion ne peut survivre qu'à travers un nombre limité de ses adeptes, qui par les liens du sang, transmission initiatique, ou par une sorte d'obstination du zèle religieux et du fanatisme dévotionnel, continuent fidèlement la perpétuation du culte.

Constellation du Centaure 

Cependant, une religion qui aura entièrement survécu à une ère zodiacale quelconque, ne bénéficiera plus des influx sidéraux de la constellation qui l'a fait naître et ne pourra se nourrir que du sang des sacrifices, des incantations religieuses, ou les offrandes offertes par ses adeptes.          

Bélier (la tête) / Humata ; la bonne pensée
Sagittaire (afirmation) / Huxta ; La bonne parole
Lion (force) / Hvarshta ; La bonne action

Disc en bronze et or représentant les triples têtes de
Bélier en or, symbole de la Perse et de la religion
zoroastrienne. Iran 500 av-JC


Vers la fin de l'ère de Bélier et le début de l'ère des Poissons, des nouvelles religions à caractères universalistes apparurent. Le premier fut le christianisme. Elle correspond à la traversé du point vernale dans le premier décan des Poissons. Chaque décan est divisé à 720 années de règnes (2160 ans divisé par 3 : 720 années / chaque signe possèdent 3 décans). Les anciens astrologues mettaient le christianisme sous le rédige de Jupiter, parce que le signe des poissons est le domicile nocturne de Jupiter. J'ajouterais que le point vernal traversant les Poissons, c'est surtout Neptune qui est le maître des religions qui apparaissent durant l'ère des Poissons, d'où le caractère chimérique, socialistique et fanatique de ses religions.

L'Islam apparaît vers 622 de l'ère chrétien, le point vernal est toujours dans le premier décan des Poissons régit par la Lune [l’Équinoxe vernal de l'an 622 tombe le jeudi 18 mars à 13h 30 LMT latitude de Téhéran]. L'Islam est bien évidemment une religion lunaire, mais puisque les populations sémites qui vivaient sur la péninsule arabique adoraient Vénus depuis déjà la nuit des temps, l'influence vénusienne prédomine encore jusqu'à aujourd'hui à travers l'islam.

Extraits du Coran : 

"J'en jure par la lune qui suit le  Soleil" (Shams 15-2) "par le ciel orné de 12 signes" (les signes célestes 22-1) "Ya Sîn, j'en jure par le Coran sage, que tu es un envoyé, chargé d'enseigner le sentier droit" Sourate XXXVI Ya Sîn. Je précise que ya Sîn signifie simplement :"Oh Sîn", Sîn a été le dieu lunaire des anciens Sumériens.
 
L'influence Vénusienne (vendredi jour de vénus, jour sacré de l'islam, propice pour la prière ; la couleur verte, couleur sacré dans l'islam, également couleur traditionnelle de Vénus) transparaît à tout moment à travers la liturgie, certaines célébrations, mais aussi les hadiths et le coran. L'influence vénusienne se trouve également dans de nombreux textes historiques, comme celui que nous allons commenter, rédigé vers le XIème siècle.


Les trois Déesses vénéré dans l'Arabie pré-islamique
Il s'agit d'Al-Uzza, Allat et Manat


Guèbre (zoroastrien) et Musulman ; le Texte :

J'eus controverse avec un Mage de l'assemblée des philosophes. Voit comment au cours de la joute il demeura à court d'arguments. Son penchant était tout entier vers le temple de Zoroastre ; je me tournais vers la kibla de Mahomet, l'heureux Élu. Donc, tout d'abord nous stipulâmes que nous reconnaîtrions vraie la religion de celui dont l'argument serait plus fort.
Alors le Mage déclara :"Mon temple vaut mieux que le tien, parce qu'en ses vertus le Feu est très supérieur à la terre ; en effet, par l'ardeur du feu, nuage  monte et le vent s'élève ; par son énergie, sur la terre, les végétaux donnent leur fruits ; l'homme de l'Inde met sa gloire à se détruire par le feu (note : Je précise que souiller le feu, le prince des éléments, avec un cadavre, est le pire des hérésies chez les mazdéens et les anciens zoroastriens) ; les prêtres zoroastriens devant lui mettent leur ceinture ; c'est au moyen du feu qu'Allah fit le miracle d'Abraham, quand il interpella le feu ; O feu ! sois froid ! et parce qu'il cherchait le feu que Moïse devint un prophète, et dans sa gloire, Zoroastre le choisit aussi pour son culte. Grâce au feu, le ciel est plus clair, l'univers est plein de lumière ; au jugement dernier, les hommes franchiront le feu sur un pont (le pont de Chinvat). Au temps d'Abel, le sacrifice était dévoré par le feu, sinon, l'offrande demeuraient méprisés par Dieu. La terre est froide par nature, or c'est du froid que vient la mort, de la chaleur provient la vie ; or le feu produit la chaleur. La terre est située plus bas que l'onde et que l'air ; mais le feu est au-dessus de tout cela, sous le dôme en rotation ; tout ce qu'il reçoit de ces trois se trouve dans sa dépendance ; et tous trois, nécessairement, du feu deviennent réceptables ... Le feu dans la cassolette essaye ambre et bois d’aloès, et dans le creuset il éprouve l'or et l'argent de bon aloi ... Soleil est feu sont alliés ; le Soleil est comme un prophète qui, du haut du trône divin, fait le miracle de donner aux yeux la faculté de voir ; les êtres bons, quand il se lève, prennent la supériorité, quand il s'est couché, les serpents meurtriers se mettent en marche ... il est comme un général qui, au printemps (équinoxe de printemps), passe en revue l'armée des végétaux en plaine, en montagne et dans les bas-fonds, prenant d'assaut la citadelle que décembre (solstice d'hiver) avait édifiée pour garder captives les fleurs que lui fait sortir de l'enceinte. Si donc le Soleil et le Feu possèdent toutes ces vertus, mon temple vaut mieux que le tien ...

Je (le musulman) répondis en ces termes : "Or ça, les vertus de la terre, connais-les donc l'une après l'autre et conçois bien mes arguments ! Que nous importe si la terre est placée au-dessous du feu ? Cela prouve qu'elle est modeste, ce qui n'est pas déshonorant. Si Moïse devient prophète en cherchant l'ardent buisson (je précise que Moïse n'occupe aucune place dans le panthéon religieux des zoroastriens), c'est aussi le feu dont l'ardeur fit à sa langue une blessure ; si Dieu interpella le feu afin de sauver Abraham, ce fut à la terre qu'il dit au temps de Noé : Lâche l'eau ! Croyants et mécréants passeront sur elle au jugement dernier, et ceux-ci seront avec elle dans les enfers, finalement ! La terre est pour les créatures pareille à une vaste nappe suspendue dans l'immensité par la force du Tout-Puissant. Elle est le cœur de l'univers et le lieu du juste milieu ; le ciel tourne autour d'elle ; elle est le théâtre de bien-être, asile du pain quotidien, et elle produit tous les fruits. Du fait qu'Adam fut pétri d'elle, vers elle s'en vont nos prières ;
Les anges s'y sont prosternés et les prophètes la visitent. Le diable est d'origine ignée ! Adam fut formé de limon ; lequel des deux est meilleurs ? La terre est tout comme une mère, les végétaux sont ses mamelles, les êtres vivants sont tout comme des enfants qu'elle tient sur son sein... D'elle nous sommes tous issus, à elle nous retournerons, mais d'elle, au jugement dernier, nous surgirons, petits et grands.
Du Soleil tu as fait l'éloge, je l'écoutai, mais lui aussi est au service de la terre, cela depuis l'éternité. or bien que grâce à sa clarté les yeux aient faculté de voir, il nous aveugle quand nos yeux le contemplent par trop longtemps. Si le jour vient de son éclat, en revanche que diras-tu de l'ombre portée par la terre, si tu contemples la nuit sombre ? La terre est le tapis divin dont le Soleil est le flambeau resplendissant ...  



          Malik al-Ruh l'ange de l'Esprit qui par le soufle divin
 anime les VII planètes et les IX sphères


Commentaire :  Ce débat (monâzara), composé par Asadi-î Tussi (à la fois poète, astrologue et dramaturge d'origine persan) vers le XIème siècle, a été pour la première fois traduite dans la langue de Molière par l'orientaliste français Henri Massé dans les années 60. Le texte rédigé dans le style littéraire et philosophique du monâzara, met aussitôt le feu, l’élément igné et sacré du culte Martien des Zoroastriens, en antagonisme avec la Terre, l’élément sacré du culte Vénusien de l'Islam, car Vénus régit le signe du taureau qui est un signe de terre.

Le Mage met l'accent sur les qualités transcendantales du feu, le prince des éléments, et vante ses vertus vivifiantes, illuminantes et salvatrices. En effet pour les Zoroastriens le feu est un être vivant, c'est Athrâ, le fils d'Ahura-Mazda (Jupiter). Pour les Mages le feu terrestre est un parent du feu céleste, c'est pourquoi il faut l'entretenir avec respect, le nourrir et lui adresser des prières pour qu'Il les fassent monter au ciel. Les Perses estimaient que c'était un crime de laisser mourir un feu par négligence.


Buste en bronze de Yazdgard III 617-651

En 633, après de nombreuses défaites de l'armée perse contre les envahisseurs arabes, Yazdgard III le dernier souverain Sassanide est contraint de fuir la capitale. Dans sa fuite il emporte avec lui le feu sacré du fameux temple d'Azar-Goshasp dédié à mars, et en prend soin en sa qualité de chef des Athravân (prêtre du feu) durant plus de 17 longues années !
Finalement il intronisera le feu sacré de mars à Merv (en Asie centrale), où peu de temps après il meure assassiné à l'âge de 34 ans.

Lorsque les Gaulois ont fait la conquête de Rome, les Vestales 
s'enfuirent avec le Feu sacré en Etrurie, d'où plus tard, elles le 
rapportèrent à Rome. 

   

Des prêtres Zoroastriens récoltent le Feu sacré (en bois de santal)
En aucun cas le souffle ne doit souiller le feu, c'est pourquoi les Mobeds,
portent toujours un masque devant le feu sacré.   
     
Quant à l'érudit musulman, il commence à vanter les vertus de la terre (l'élément terre préside au signe du taureau qui est régi par la planète Vénus), car dit-il, elle est comme un oratoire où les hommes pris Dieu et implorent sa miséricorde, où les animaux plient genou et l'homme demeure debout. En effet pour les musulmans la Terre bénéficie d'une aura particulière. Il est d'ailleurs coutume que lors de la prière le musulman se prosterne et loue Dieu en posant le front contre un sceau (mohr) de terre souvent en provenance de la Mecque ou d'autres villes saintes de l'islam.


 
 
Adam fut formé de limon, et les Anges se sont prosternés devant lui ! De plus si Dieu a parlé à Moïse à travers le buisson ardent, c'est aussi le feu qui a blessé sa langue, et enfin le diable est d'origine ignée !

La terre est un élément quadripolaire, c'est le dernier des éléments, c'est à travers elle que les trois autres éléments (feu, air, eau) se manifestent, prennent forme et deviennent solides.


Les jours de fêtes, ou les nuits de vendredi, les mosquées sont
 noyées dans une lumière verte.