lundi 26 février 2018

Magiciens, Sorciers et Conjureurs de Djinns dans la Perse antique


Magiciens, Sorciers et Conjureurs de Djinns dans la Perse antique à nos jours :

Depuis la nuit des temps, la Perse est connue comme le berceau des magiciens et le pays qui abrite le royaume des Djinns. Il abrite le royaume des Djinns car la Perse est régie par le signe du Bélier, un signe fougueux et igné et les Djinns sont des créatures du feu.  

Que sont les Djinns ?

Terme employé dans la Sainte Avesta (l’Avesta, du moyen perse Apastâk ; fondement, savoir, c’est le livre saint des zoroastriens qui contenait à l’origine 21 livres) à plusieurs reprises, souvent accompagné par Pairikâ, terme qui désigne les Ondines. 



Les Jaini et les Pairikâ sont des êtres subtils qui peuvent à la fois faire le bien ou le mal. Parfois et dans certaines conditions ils peuvent infliger la maladie, des ennuis et autres accidents, ou au contraire guérirent une maladie incurable ou venir au secours d’un guerrier aux abois. Dans la 21ème épitre d’Ikhwân-al-Safâ traduit en persan sous le nom Bustân-al-Ghûl, l’auteur décrit l’origine de ses créatures :

Avant la création des hommes, la terre entière était sous la domination des bani-al-djânn (la race des Djinns). Les Djinns peuplaient de l’Orient à l’Occident et du Septentrion au Midi et la puissance et la splendeur de leurs royaumes couveraient la terre. Ils se nommaient alors : « ceux dont les yeux éblouis de lumières ». Dieu leur avait accordé d’innombrables bienfaits, richesses et une très longue durée de vie, mais après plusieurs millénaires ils se détournèrent du droit chemin, commirent des sacrilèges et souillèrent la terre de leurs infamies. 

Jamhuresh démon de Jupiter

Alors les Yazata et les Malaïka (les Anges) qui ne pouvaient plus supporter cette infamie crièrent au ciel et le Seigneur envoya une légion de Yazatas qui s’établirent sur terre et combattirent les Djinns !

Mais l’histoire ne finit pas là. Le royaume des Djinns est détruit, de nombreux Djinns sont capturés et quelques-uns éparpillés ici ou là, se cachant dans les cavernes ou les ruines. L’un des Djinns capturés se nomme alors Azaziâl (Azazel : littéralement Dieu a rendu fort). C’est un prince de la race des Djinns. Il grandit parmi les Malaïka et apprend d’eux les sciences divines et les arts magiques, jusqu’à ce que Dieu annonce aux Anges qu’il va fonder un nouveau royaume sur terre et qui la fera peupler par des créatures de poussières ! Il annonce alors l’évacuation et le retour des Malaïka dans le ciel. La race des hommes naquit et reçut de Dieu la royauté sur la terre du milieu (située entre la lumière et les ténèbres).

Le démon Al-Malik

Mais cela n’a pas plu à la race des Djinns et surtout par leur chef Azaziâl, car dit-il : « je suis de feu, le prince des éléments, immortel et divin, alors que l’homme est de terre, le plus grossier des éléments, périssables et corruptibles ! ».  

Ici le récit fait allusion au secret du feu et de la terre. La terre peut éteindre le feu en l’étouffant, mais le feu peut aussi brûler la terre et la transmuter en pierre, comme le font les volcans, qui avalent la terre et le crachent transformée en roche. 


                        Takhma-urupa (تهمورث دیوبند) fut l'un des 1er rois des Perses
                        qui apprit le secret de l'écriture des démons, et qui parvient 
                        à enchaîné les Djinns et à s'en servirent.      
                                      
Plus tard Azaziâl cherchera à tromper l’homme et il parviendra à le faire déchoir de son rang. Depuis lors tantôt les hommes vivent en paix avec la race des bani-al-Djânn, tantôt ils cherchent à les chasser ou les dominer par la magie, et tantôt c’est de la race des Djinns qui complote contre l’homme et cherche à le nuire.

Une grande partie des rituels pratiqués dans le sacerdoce des Mages mazdéens, consiste à exorciser, chasser et guérir les maladies causées par les Djinns (Jaini Yaska). Tous les rois de la dynastie des fondateurs (Pīšdâdiân) comme Yima Khashaeta ( جمشید) qui vécut 700 ans, ou Kavi-Ušan ( کیکاووس) de la dynastie des Kayanides, cherchèrent à dominer les Jaini et les Pairikâ, car commander aux Djinns garantit la pérennité et la prospérité du royaume.



Les anciens rois de perses, à la fois prophètes et magiciens, parvenaient souvent à dominer les Djinns, mais cette domination n’était jamais absolue et s’avérait toujours temporaire.

D'où vient l'esprit de l'homme ?


Iblis le chef des Djinns tenant Adam dans
 ses bras



Mais ce que Bustân-al-Ghûl ne vous dit pas, et que vous ne trouverez pas non plus, ni dans les textes sacrés, ni dans l’enseignement ésotérique des derviches et des soufis, ni même dans les plus obscurs grimoires de l’antiquité, c’est la véritable nature de l’esprit que « Dieu » insuffla dans le corps inerte d’Adam !
Dieu ne créa pas de nouveaux esprits pour animer ses créatures, car comme chacun le sait, Dieu est un être économe, mais il recycla tout simplement les Djinns vaincus, qu’il enferma ainsi dans des corps de chairs !

(C’est lorsque Blavatsky dans sa doctrine secrète décrit le monde d’avant l'humanité, peuplé de créatures éthériques)

Les Djinns pensent que c’est leurs châtiments que d’être ainsi enfermé dans une enveloppe mortelle, démunis de leurs pouvoirs et sujet aux maladies, à la douleur et à la mort ! Que c’est pour purger leurs pêchés en punition de leurs rébellions contre l’ordre universel. Cependant le processus s’inscrit dans l’ordre naturel des choses, c’est une nouvelle étape dans l’évolution de l’Esprit. Que les Djinns auraient pêchés ou pas, leurs incarnations dans un corps de chair étaient déjà inscrites dans l’ordre providentiel des choses.




On retrouve ce même schéma dans les récits cosmologiques des Manichéens et des Zervanistes. L’homme fut créé à partir des cadavres des démons tués lors de la bataille qui opposa les forces Angéliques contre les forces démoniaques ! 


Sorciers et Conjureurs de Djinns (جن گیر) officiels de l’Etat

Agrippa (Cornélius Agrippa de Nettesheim 1486-1535) tout comme ses confrères de l’antiquité Apollonius de Tyane, et Empédocle disait que personne ne peut régner sur la Perse, si ce n’est un Magicien !

Des Mages, je ne sais pas, mais des sorciers de bas-étage le régime actuel des mollahs en consulte et fréquente très régulièrement et ce depuis le début de la révolution islamique. L’un d’entre eux, un certain Abbas Qaffâri a même eu son propre bureau au sein même du cabinet présidentiel.

  
    Abbas Qaffâri  et son maître Mollah Hassan-zadeh Amoli
    chez qui il étudia durant 4 ans les arts magiques et coraniques (kabbale lunaire)                                                                                  

Il entra dans le gouvernement grâce à son ami d’enfance Dr Akbar Velayati, ministre des affaires étrangères. Velayati choisissait ses ministres d’après les séances d’interrogations et de divinations du conjureur de Djinns (technique de géomancie persane appelée ; raml et ostrolabe)   

                                           Talisman tiré de Bahr-al-ma'ârif

Les puissants du régime le consultent régulièrement depuis 25 ans, il est souvent sollicité pour user de sa magie afin que le peuple reste soumis à état et à l’autorité des religieux. On l’emmène alors au pied des barrages d’eau potable autour de Téhéran et le sorcier écrit ses carrés magiques qu’il balance ensuite dans l’eau. Il fait la même chose dans les usines d’eau minérale.

                                  Talisman de Tay-al-arz "téléportation" à porter sur la tête

D’après un proche (le dénommé Gholam-Reza-Mohamadi) qui est aussi le père de sa très jeune femme, aujourd’hui bien-sûr en fuite et résidant en Turquie, et selon les propres dire d’Abbas Qaffâri ; «  la magie de l’eau agit rapidement car elle influe directement sur l’inconscient collectif du peuple ».

Mohamadi a passé plus de quatre ans avec Qaffâri l’exorciste, ils ont voyagé ensemble dans plusieurs pays et durant tout ce temps Qaffâri croyait avoir trouvé en Mohamadi un disciple, une personne à qui il pourrait transmettre son savoir et ses pouvoirs.

C’est surtout sous le deuxième mandat d’Ahmadinejad en juin 2009, qu’on entend parler d’Abbas Qaffâri. Lorsque des dissensions éclatent entre le gouvernement d’Ahmadinejad et le guide suprême, le sorcier fait entendre à quelques religieux hauts placés, que selon la volonté de la providence, tant qu’Ahmadinejad vivra, le guide restera au pouvoir, sachant que la sentence remontera aux oreilles du Khamenei le guide. C’est ce qui aurait sauvé la vie d’Ahmadinejad, qui je le rappelle est actuellement poursuivit par le procureur général de la République.

Les services secrets de Khamenei ont alors commandités l’arrestation du sorcier d’Ahmadinejad ; le fameux Qaffâri ! En 2012 le porte-parole du procureur général annonce « officiellement » l’arrestation d’Abbas Qaffâri le conjureur officiel de l’état. Un dossier à charge est vite dressé contre l’accusé qui se trouve finalement condamné à mort. Pourtant la sentence de mort est réduite à 8 ans d’emprisonnements, puis à 3 ans, et au final au bout de 2 ans, à la veille des élections, ses mêmes autorités de l’état (la garde révolutionnaire) qui l’avaient préalablement condamnée à mort, sont venus le cherché,  l’on sortit de la prison, et l’ont littéralement suppliés de reprendre ses activités et d’invoquer les génies pour que le peuple se rend au moins aux pieds des urnes !    


                                            Carré magique : Bahr-al-ma'ârif