ZOROASTRE LE ROI DES
ASTRES
« La plus belle définition de la divinité qui se trouve parmi
les Anciens, est celle de Zoroastre. »
Saint Eusèbe de
Césarée
Connu des Grecs comme l’inventeur de l’astrologie et le maître de Pythagore, Zoroastre, le prophète aryen, est l’une des figures sacrées les plus respectées et adulées de toute l’Antiquité. Né d’après les Grecs, à peu près 5000 ans avant la guerre de Troie, Zoroastre est le fondateur de la religion zoroastrienne.
En dehors de
ses Ghata,
(hymnes philosophiques et religieuses), Zoroastre n’a pas vraiment inventé une
nouvelle religion, il a seulement rénové l’ancienne religion des Mages. A ce
titre, il est plus un grand réformateur qu’un prédicateur chevronné. Zoroastre
le Spitamid (de la famille de
Spitama), à ne pas confondre avec
Zoroastre le roi de Bactriane et le supposé maître de Pythagore, qui est né
à l’époque de Vishtâspa (2300 av-JC), huitième roi de la dynastie des
Kayanides. Il reprit les éléments fondamentaux du culte du feu hérité de ses
ancêtres et des Mages, mais réprima les sacrifices sanglants et le culte rendu
aux divinités mineures.
Au Moyen Âge
Zoroastre est tantôt glorifié comme l’une des plus grandes lumières du monde,
tantôt comme l’ancêtre des astrologues ou le père de la magie !
L’étymologie du nom de Zoroastre a également fait l’objet de nombreuses
spéculations et théories. Les Grecs traduisaient Zoroastre par « l’astre
d’or ». Selon Julius Oppert (né
le 9 juillet 1825 à Hambourg), le fameux assyriologue allemand, Zoroastre
signifie « splendeur d’or ». Anquetil
Duperron l’un des plus grands orientalistes français du XVIIIe siècle, a
identifié dans le nom de Zoroastre (Zaratoushtra), zeré (d’or, doré) et thaschtré
(du tištrya,
le nom de l’étoile Sirius). Ainsi selon Anquetil Duperron, Zoroastre
signifierait: « l’Astre d’Or ». L’association du nom de
Zoroastre avec Sirius est très significative, étant donné qu’en dehors de Mars,
Sirius est l’astre le plus vénéré de tout le Panthéon des Corps célestes chez
les Perses. Dans le livre saint des zoroastriens, le Zend Avesta, un hymne
de plusieurs pages appelé Tištar Yasht, est même
spécifiquement dédié à Sirius. Appelé le général du ciel ou le général qui
commande aux étoiles, Tištriya, étymologiquement, tri-str-iya « composé de trois étoiles »,
fait partie des divinités-patrons de la seconde septaine des Yazata-Gaithya,
c’est-à-dire des divinités astrales visibles, ayant un corps céleste.
Si les anciens Grecs
voyaient en Zoroastre l’inventeur de l’astrologie ou le père de la magie, c’est
parce que la religion de Zoroastre, le Mazdéisme, est essentiellement une
religion astrologique, basée sur le culte des astres et le mouvement des corps
célestes. Cette affirmation déplait à une certaine catégorie de zoroastriens
dits « laïques » (comme si on pourrait être à la fois adepte du
mazdéisme et laïc !), qui tentent de ne voir en Zoroastre qu’un grand
philosophe cartésien dépourvu de toute formation métaphysique ! Vouloir
réduire l’un des plus grands Archi-Mages de l’histoire au rang d’un simple
philosophe, est un sacrilège impardonnable qui témoigne de l’étroitesse de
l’esprit de ces pseudos intellectuels de comptoir [extrait de l’Astrologie
Persane ; tome 2].
De nombreux auteurs
grecs de l’antiquité ont rédigé des livres sur les anciens Perses, les Mages et
leurs religions et rites sacrés, comme Héraclide de Kymè (4ème
siècle av-JC), Charon de Lampsaque (5ème siècle av-JC, auteur
de Persika), Hécatée de Milet, ou encore Dionysos de Milet,
sans oublier bien-sûr Xanthos le Lydien auteur du Magika (5ème
siècle av-JC).
On apprend alors ici
ou là que la divinité suprême des Perses est Zeus, ou encore Ahura-Mazdâ,
ce qui correspond simplement à Jupiter. Vient ensuite Mithra le
dieu de la lumière céleste, le dieu des pactes (alliances) et du jugement
céleste, mais aussi le dieu de la guerre. Le binaire rejoint le ternaire avec Aredvi-Sura-Anahita
(l’Immaculée déesse des Eaux, ou le fleuve puissant qui engendre la
pureté), Déesse extrêmement vénérée, crainte et respectée à la fois par la
caste des Rois et des nobles, des Mages, des Guerriers, mais aussi par diverses
souches de la population comme la caste des paysans et des agriculteurs.
Aredvi-Sura-Anahita est la Déesse qui
préside à l’eau, aux rivières, aux fleuves, à la fécondité, elle est digne des
plus hautes vénérations, car elle détruit les démons, guérie les afflictions,
éloigne la souffrance, accorde courage et vitalité, augmente la vie et les
troupeaux, accorde bénédictions et exauce les vœux … ! Anahit préside à Vénus, son équivalent romain
est Aphrodite (son équivalent chez les Grecs est Anaïtis ou Artémis),
plusieurs temples ont étaient érigés à son effigie aux alentours de 500 av-JC,
à Suse, en Hyrcanie et à Babel etc.
Après la chute de l’empire Achéménide, ce fut Sassân fils de Babek fils de Dara, grand mage du sacerdoce d’Anahid, qui en héros unificateur de l’empire, rétablit la royauté et fonda la dynastie des Sassanide vers 224 ap-JC. Toutefois les origines du culte de la déesse remontent à plus de 4000 ans av-JC (ex : la déesse Narundi, ou Nanhunte et Nahiti chez les Élamites).
Le cinquième Yašt
de la sainte Avesta est attribué à Aredvi-Sura-Anahita :
Puisses-tu
offrir le sacrifice à Aredvi-sura-Anahita qui s’étend au loin, la guérisseuse,
l’ennemie des dévas (les démons), fidèle à l’enseignement d’Ahura, digne d’être
vénérée par le monde matériel, digne d’être priée par le monde matériel,
L’ašavanī
qui accroît les cours d’eau
L’ašavanī
qui accroît les troupeaux
L’ašavanī
qui accroît les vivants,
L’ašavanī
qui accroît les fortunes,
L’ašavanī
qui accroît les peuples,
Elle
qui rend efficace la semence de tous les mâles,
Qui
rend fécondes le ventre de toutes les femelles …
Les Sacrifices dédiés à la déesse s’effectuaient
au bord des fleuves ou des rivières, notamment au bord du fleuve Jaxartes
(ou Sīdaryā en persan) en
Asie-Central (le fleuve tire sa source depuis la mer d’Aral). Les Mages creusaient
soigneusement une fausse au bord du fleuve, le sang des sacrifices était
mélangé avec du lait et du Haoma la plante de l’immortalité (éphédra),
et versé dans la fausse. Pas une goutte du sang ne devrait en revanche souiller
l’eau sacrée du fleuve. Du vin et d’autres libations ont était offert à la
déesse.
Un bouc blanc portant une couronne de laurier
et quelques tiges de grenadier était alors sacrifié par les Mages, on passait
l’animal à travers la fumée de l’encens, un mélange de cannelle, des pétales de
roses, de la myrrhe et des graines de pavot. Parfois 7 colombes blanches
étaient également offertes à la Déesse.
Anahita représente Vénus, les offrandes et
les sacrifices à la déesse devraient donc avoir lieu au bord des fleuves sacrés
de Vanghvi Daitya (ونگوهی دایتیا) en Géorgie, ainsi que
celui du Jaxartes (Syr-Daria : fleuve d’Asie Centrale qui
trouve sa source dans les montagnes sacrées du Kirghizstan jusqu’à la mer d’Aral).
Nous ne connaissons pas exactement sous quelle configuration
astrologique les sacrifices avaient lieu, mais nous savons de source certaine
que Vénus devait être en mouvement direct, ne recevant pas d’aspect des
planètes maléfiques, qu’il devait être conjoint à Jupiter, ou en aspect à
Jupiter, qu’il devait être situé en Balance, à 27° ou à 15°, ou à 27° des
Poissons, ou à 14° ou 15° ou 21° ou 27° du Taureau.
De nombreux temples on était érigés un peu
partout dans l’Empire perse pour célébrer le culte d’Aredvi-Sura-Anahita.
A Suse (époque Achéménide), où l’effigie de la déesse était en or massif pure,
à Bishapour dans le grand temple du feu de Shayz, et aussi à Kangavar
(époque Achéménide également). Les effigies de la déesse étaient souvent couvertes
d’or et de pierres précieuses (notamment d’émeraudes et de perles. La déesse
était représentée debout, parfois ailées, gisant à ses pieds 1 ou 2 lions, l’effigie
de la déesse était souvent couverte de peaux de tigre femelle.
Le zend Avesta d’écrit la
déesse comme une jeune demoiselle d’une beauté éblouissante, ayant un corps
parfaitement proportionné, portant des boucles d'oreilles carrées et une ceinture lumineuse aux hanches, noble de
ligné, portant des bottines scintillantes hautes jusqu’aux mollets …
Deuxième
Partie :
Du culte de la Déesse
Clément d’Alexandrie l’historien chrétien du 1er siècle de de notre ère, en se
référant à Bérose (Berosus Caldaeus, astrologue et
mystagogue et prêtre de Marduk, 350 av-JC) mentionne que ce fut Xerxès II, fils
d’Artaxerxés (380 av-JC) qui en suivant l’exemple de son père, popularisa le
culte de la déesse Aredvi-Sura-Anahita à travers tout l’empire. Il fit
construire des temples à l’honneur de la déesse à Babylon, à Suse,
à Ecbatana (ancienne capitale des Mèdes), à Sardes et
à Bactres et érigea de nombreuses effigies de la déesse.
Les découvertes
archéologiques attestes que des temples d’Anahid ont bien existaient avant même
l’ère Achéménide, notamment à l’époque de l’empire Mède et des rois Mèdes comme
à l’époque du roi mage Kyaxares.
Les temples d’Anahid
étaient richement décorés et contenaient souvent des trésors
inestimables ! Pline décrit le temple d’Anahid à Suse, ainsi que l’effigie
de la déesse en or massif haut de 9
pieds et couvert de peaux de tigre. Le temple d’Anahid à Balkh (Bactres)
abritait un statut de la déesse en albâtre portant une couronne en or massif ayant
8 pointes et 100 étoiles (en diamant, pierre de vénus). Les statues de la
déesse étaient souvent recouvertes de peaux de tigre.
Il est reporté que tous ceux qui ont souillé les temples d’Anahid ont
étaient emportés par une mort violente (ce qui est le cas de Mark Antoine, mais
aussi d’Antiochos III qui pilla le temple d’Anahid à Elimais et
qui mourut peu de temps après victime de la colère des fidèles).
Les temples d’Anahid
étaient équipés d’un autel du feu, et d’un bassin sacré où
d’une cour d’eau. On sait d’après plusieurs sources (notamment Plutarque) que
des prêtresses vierges (sorte de Vestales) officiaient dans les temples
d’Anahid. Ses derniers étaient hautement craints et respectés et devaient
rester vierges jusqu’à la fin de leur vie.
On célébrait la fête de la
déesse au mois d’Abān au jour d’Abān, c’est-à-dire le 10ème jour du mois Abān qui correspond à peu près à 26 Octobre.
Les temples contenaient
également des jardins luxuriants dans lesquels les prêtresses
d’Aphrodite cultivaient des plantes médicinales. Selon les témoignages des
lions et des tigres apprivoisés se promenaient en toute liberté. D’après les
chroniqueurs du moyen-âge ses temples et l’activité recluse des prêtresses
d’Anahid ont beaucoup inspiré la vie monastique de l’ère chrétienne. D’après Procopius
de nombreux temples d’Anahid situés dans les territoires plus à l’Ouest furent
plus tard transformés en église, ou détruits.
De nombreuses fêtes
religieuses étaient dédiées à Anahita dans le calendrier mazdéen, le plus
connue avait lieu le 26 octobre (چهار آبان). En ce jour les gens se rendaient aux bords des rivières et offraient des
prières et des offrandes à la déesse.
Le couronnement des Rois
En dehors des fonctions
liturgiques, les temples d’Anahid étaient utilisés depuis
la plus haute antiquité lors des couronnements des rois. Xerxès (Xšayāršā : seigneur des
héros : 486-465 BC) après la mort de son père Darius, a été couronné a
Pasargades dans un temple d’Anahid. Chapour 1er fondateur de
la dynastie des Sassanides a été également couronné dans le temple d’Anahid à
Shayz (sachant que son grand père Sāssān, était le grand prêtre d’Anahita à Istakhr), Ardashir 1er
(224-241) a été couronné dans le temple d’Anahid à Istakhr (Naqsh-e Rostam)
etc. Lors des cérémonies le roi bois du vin, ou parfois du lait caillé, dans un
rhyton en argent à tête de bélier ou de Capra Aegagrus (chèvre
sauvage), et mange sept figues sèches et des pistaches.
Aredvi-Sura-Anahita et les
Temples de Vénus
Vénus, tout comme Ishtar
ou Astarté, n’est pas uniquement la déesse de la beauté et de la fertilité,
elle est également la déesse de la Guerre (Aphrodite ;
déesse de la mort-dans-la-vie ! Androphonos : Tueuse
d’hommes !) et de la mort !
Tous les héros fondateurs
de l’Empire Perse depuis l’aube des temps ont offert d’innombrable sacrifies à
la Déesse patronne de toutes les eaux, car Baga-banu-Anahita est la toute
puissante, sa force est égale à toutes les eaux qui tel un torrent rugissant descendent du sommet du mont Hukairya
(la montagne sacrée au centre du monde derrière laquelle se lève et se couche
les étoiles, la demeure de la déesse) et qui s’étendent en mille fleuves et
mille mers !
Ainsi les héros fondateurs ;
Haošiangha, Yima Xšaeta, Azi-Dahāka, Trâetaona, Keresāspa, Frangrasyan le touranien, Kavi Usa, Kavi Husravah etc ont chacun en leur temps offert des milliers de sacrifices à la Déesse Anahita
afin d’obtenir sa grâce et être victorieux sur les ennemis d’Airyana
Vaeja (ایران ویج) et de pouvoir régner sur la
Perse. Zoroastre lui-même en personne a rendu un grand sacrifice
à la déesse au bord du fleuve sacré Dâityâ, afin qu’il puisse
convertir le roi Kayanid Kavi Vištâspa à la bonne religion.
A travers les écrits de
zend nous rentrons dans les arcanes sacré de la magie de l’eau, nous apprenons
les mystères de l’élixir de la vie cachés dans les profondeurs des ondes, c’est
pourquoi lorsqu’il n’y a pas de Roi digne du Fravahr (ou le Xwarenah,
Xvarena ; l’Esprit-Saint, ou encore le Graal) celui-ci se retire et
se cache dans les profondeurs de la mer Vouru-Kaša. Pour l’obtenir, les héros guerriers ou les guerriers mages, s’affrontent
dans des batailles épiques, où seul un héros pur en pensée, en parole et en
acte sera digne de l’emporter.
Ainsi les temples d’Anahid
étaient également le sanctuaire des plus grands guerriers de l’Empire, les rois et les généraux Perses se recueillaient avant de participer à des
grandes batailles. Les murs du temple étaient décorés avec les couronnes, les
épées et parfois même la tête des rois vaincus !