mardi 12 décembre 2017

Les Magiciens Astrologues du XVème siècles 2ème Partie



تنبیهات االمنجمین

Tanbīhāt al-Monajemin, littéralement les avertissements astrologiques, est sans conteste l’un des plus grands œuvres astrologiques de la Perse du XVIème siècle. Ecrit vers 1599 par le savant, chroniqueur poète et astrologue royale Mozafar-e Gūnābādi (علی بن محمد قاسم منجم مظفر گنابادی) qui était l’astrologue personnel d’ Abbas le Grand (Chah Abbas 1er) Vème monarque de la dynastie des Safavides, cet ouvrage exceptionnel contient toutes les configurations astrologiques, les transits, conjonctions, combustions et autres aspects planétaires, ainsi que leurs influences et leurs impacts sur la sphère sublunaire ; le sort des empires et des principautés, les tempêtes, inondations, tremblements de terre et l’avenir des peuples.

Pour rédiger son ouvrage, Mozafar-e Gūnābādi c’est inspiré des œuvres de 35 des plus grands astrologues connus, dont certains ayant appartenus plusieurs siècles antérieurs à son époque.    




En tant qu’astrologue personnel du roi, Mozafar-e Gūnābādi a été durant 25 ans au service du Chah Abbas et a accompagné celui-ci à travers les quatre directions de la Perse, de Samarkand à Boukhara, de Bagdad à Bakou et dans toutes ses campagnes et expéditions militaires. Tout comme les rois de Perse, Abbas le Grand croyait profondément à l’astrologie et donnait une importance primordiale aux arts magiques, talismaniques et à l’interrogation sidérale. Des rois Safavides, Chah Abbas été celui qui a eu le plus recours aux sciences et à la sagesse des astrologues.

Chah Abbas 1er (1571-1629)

En 1618 l’armée ottomane commandée par le grand vézir Khalil Paccha marcha contre la perse avec plus de 150.000 cavaliers armés jusqu’aux dents. Chah Abbas qui n’avait pas plus de 40.000 cavaliers, voulait à tout prix éviter l’affrontement. Il consulta son astrologue le monajim-bashi Mozafar-e Gūnābādi qui lui annonça qu’une configuration favorable à l’armée perse prenait place sous la voûte étoilée, et que les Perses pouvaient être vainqueurs. Le roi envoya alors Gūnābādi au camp de son général en chef Kartchèghaï-Khan et demanda à son conseiller et astrologue de calculer avec son astrolabe le jour et l’heure exacte pour l’attaque. Au jour et à l’heure annoncée, les Perses lancèrent l’offensif contre l’armée ottomane et contre toute attente gagnèrent la bataille.     


L'horoscope de Chah Abbas
[طالع شاه عباس سفوی]

Après la chute des empereurs Sassanides (en 677), la dynastie des Safavides (1501-1736) fut la plus puissante dynastie ayant régné sur la Perse. Chah Abbas né le 27 janvier 1571 à Hérat (l’antique Alexandrie d’Asie fondé par Alexandre et l’une des plus grandes cités de l’ancien Khorāsān) monta sur le trône de Perse en 1588 (au début de la mutation de la triplicité de l’eau vers la triplicité du feu / cycle des conjonctions de Saturne et Jupiter). 

Grâce à ses astrologues, il fut vainqueur contre les Ottomans, les Portugais et les Ouzbeks. L’empereur mongol Jahāngīr (1605-1627) avait engagé des astrologues pour qu’ils lui apportent l’horoscope d’Abbas le Grand, afin qu’il puisse l’étudier et comprendre ses aspirations politiques ainsi que ses stratégies et ambitions militaires.   


L'horoscope de Chah Abbas et les étoiles fixes


Autre anecdote . . .

Le rituel de la Substitution

Depuis la plus haute antiquité les rois d’Akkad, de Babel et de l’Assyrie pratiquaient dans le plus grand secret, un rituel appelé rite de la destitution, destiné à sauver leurs vies et leurs couronnes lors de certaines éclipses lunaires considérées par les astrologues comme fatales pour le royaume. La royauté héritée de Sumer été régit par la lune, aussi les rois de l’antiquité étaient habités par l’esprit de la lune, ils étaient les représentants de Sîn le grand dieu lune.




Lors de certaines éclipses (celles en particulier qui avaient lieu dans le signe astrologique représentant le pays ; exemple le Cancer pour Babylone), les Mages et les chefs astrologues royales, organisaient une cérémonie durant lequel, le roi était momentanément remplacé par un individu étant né le même jour, ou ayant une certaine ressemblance physique et pendant ce temps, le roi, vivait lui retiré, souvent caché dans les souterrains du palais, attendant que les effets de l’éclipse se dissipent. Si Jupiter n’était pas visible dans le ciel au moment de l’éclipse, celui-ci était considéré comme particulièrement néfaste et dangereux.  



En Juillet 1593, Jallâl-ad-Dîn Mohamad-î-Yazdî, le chef astrologue de Chah Abbas informa le roi d’une conjonction funeste suivi de l’apparition d’une étoile filante qui annoncerait sa mort prochaine et la fin de son règne. Aussi on substitua un derviche thaumaturge qui avait une certaine influence sur le peuple, un dénommé Yussefi-Turkeshdûz, à la place du roi. On l’habilla d’un taylassane (l’hermine royale) on le plaça sur le trône et dans le lit royal, puis le troisième jour on lui ôtât la vie. Ainsi le mauvais sort fut conjuré.   



Mousquetaires de Chah Abbas   



Mozafar-e Gūnābādi   


Gūnābādi serait né en l’an 1562 à Gonâbâd (ville dont les fortifications est attribuée à fils de Gôdarz) ancienne province de Khorāsān (34°20’ N / 58°42’E) d’une famille d’astrologue et de dresseur de calendrier. Son père rédigeait des calendriers et dresser des horoscopes pour les notables de la ville. Rédiger des calendriers était un art très ancien, il était souvent pratiqué par des familles qui transmettaient leur savoir-faire de génération à génération.  Lorsqu’il n’avait que 15 ans, il avait prédit l’apparition d’une étoile filante qui traversa le ciel en 1577. 

Cimetière vieux de 4000 ans 

Dans Tanbīhāt al-Monajemin il explique que la prédiction venait en fait de son père, qui avait observé la combustion de Mars et de Mercure en maison X de la révolution de l’année, située dans le signe du Bélier (le bélier est la constellation qui préside à la Perse, c'est pourquoi l'étoile filante fut visible dans le ciel de la Perse).     




Anecdote …

En 1626, alors que Gūnābādi accompagnait Abbas le Grand lors d’un voyage à travers l’Atropatène (nord de la Médie, Azerbaïdjan actuel) il fit la prédiction suivante « Sir, les maléfiques sont en conjonction dans le signe de Capricorne, cela signifie que Jahângîr (4ème empereur moghol) le souverain tout puissant de l’Inde mourra durant l’année ».





La conjonction des maléfiques signifie dans le jargon des astrologues, la conjonction de Saturne et Mars. Le signe du Capricorne régit l’Inde, l’astrologue déduit alors que le souverain du pays trépassera. En effet Jahângîr mourut en 1627. 

Toutefois après calcul et vérification, en 1626, Saturne était rétrograde à 10° de la Vierge, et Mars en carré de Saturne à 3° des Gémeaux ! Aucune planète n’occupait donc le signe du Capricorne. Les chroniqueurs qui ont apportés cette anecdote n’ont surement pas bien compris les subtilités astrologiques de cette prédiction. Jahângîr est né le 30 août 1569 à midi. Il été vierge ASC Sagittaire. D’après moi il aurait dû s’agir de la conjonction de Saturne à son Soleil et du carré de Mars également au Soleil natal durant l’année 1626 (Mars étant une planète très maléfique, maître de XII). 

Tanbīhāt al-Monajemin Le Manuscrit :

D’un volume de plus de 700 pages en forma actuel, le manuscrit est donc exceptionnellement dense, complet, et d’une richesse à ma connaissance jamais égalée ! Les meilleurs livres contemporains sur les transits en comparaison semblent presque insignifiants à côté de ce chef-d’œuvre intemporel, qui pourtant exception faite de quelques chercheurs zélés, reste complètement inconnu du grand public.



Rien que la table des matières prendrait au moins une quinzaine de pages. Le manuscrit traite de tous les aspects planétaires en transits dans les signes, impliquant les conjonctions, le carré, le trigone, le sextile, l’opposition, la combustion, à commencer avec la conjonction de Saturne avec les autres planètes. Mozafar-e Gūnābādi explique d’abord de façon générale la conjonction de Saturne et de Jupiter dans la triplicité du feu, puis celle de l’air et celle de l’eau, puis il explique les conjonctions dans chaque signe séparément, à commencer avec le bélier, le taureau etc.
Ici nous sommes au cœur de la pure tradition astrologique persane, le ton est donc essentiellement événementiel, nous ne sommes pas dans la psychologie du new age, nous n’avons pas affaire avec les psychos-babillages à la Dane Rudhyar, Liz Greene ou Stephen Arroyo, là c’est l’impact direct des rayonnements sidéraux sur la sphère sublunaire, les empires, les guerres, les épidémies, les changements climatiques, exemple de la conjonction de Saturne et de Mars en Gémeaux :

Il indique des complots dans l’Ouest au nord, au pays de Rome (Occident) et la corruption parmi les dirigeants, et la dégradation de l’air et la manque d’humidité et l’apparition de signes et d’infections dans l’air, surtout si Mars se trouve en maison X … 



Autres exemples concernant la conjonction de Saturne et de Jupiter en Verseau (prévue pour 2020) : inique l’augmentation des difficultés et l’embarras pour la vie des gens du commun, et la pénurie de la nourriture dans la plupart des contrées et l’inimitié parmi les gouvernants (rois) et dirigeants, des savants et les procureurs, et terribles désastres et l’ accroissement des pluies diluviennes et l’amélioration de la condition des agriculteurs et la destruction et l’effondrement de longues bâtisses et des tours, et la stagnation du chagrin et la tristesse parmi les peuples, et la chute d’une dynastie puissante et l’apparition d’un nouveau lignée, et les changements dans le comportement et les habitudes des peuples, et l’augmentation de débats parmi les religieux … et si Saturne est supérieur … etc.     






 Bref analyse de l’horoscope de Shah Abbas :

Les pivots de l’horoscope se situent sur les signes angulaires (cardinaux). Avec le signe du capricorne sur l’angle oriental, il y a donc une attitude naturelle aux commandements.

Degré symbolique de l’ASC à 15° de Capricorne :

« Une couronne auréolée de lumière, suspendue au-dessus d’un autel ». Degré de Règne.

Toutes les planètes (excepté Neptune) se trouvent dans l’hémisphère Est, ce qui en soit est un gage de réussite. Le Soleil à 16° 39’ du Verseau est conjoint l’étoile fixe très bénéfique Sa’d al-Su’ud (Sadalsuud) qui signifie littéralement le plus fortuné des chanceux (Fortuna-Fortunarum), plus connue chez les anciens Chaldéens sous le nom du Kakkab Nammakh : « l’étoile de la grande destinée ».
(beta Aquarius : mg ; 3,1).

La conjonction de Jupiter est de Mars est un grand facteur de réussite :

Extrait d’Aspectarion (livre en préparation sur les aspects astrologiques)

Actuellement disponible / Lien : ASPECTARION Livre



Jupiter conjoint Mars d’après les anciens : 

Jupiter avec Mars signifie richesse, domination, gouvernement de guerre, bonne et grande renommée. Le né est optimiste en toute chose et possède la foi en Dieu qui permet de vaincre. Volonté d’accomplissement.

D’après l’astrologie Védique 

Jupiter conjoint à Mars signifie que le natif sera le chef de son village ou qui deviendra gouverneur par la faveur du roi. Il aura une longue vie et sera béni par des fils. En maison I le natif gagnera renommée et popularité par son enthousiasme et sa volonté et deviendra ministre. Si la conjonction a lieu en maison VI ou VIII, le natif sera dépendant à un vice et vivra pauvre et sans honneur. En maison III il préservera la fortune familiale, mais ne pourra l’agrandir, il sera très spirituel et priera les dieux. En maison IV il aura une vie stable et confortable, il aura de bonnes relations et de nombreux amis, il sera dévoué envers les dieux et perpétuera les coutumes de ses ancêtres. Il occupera un poste important et éminent. En maison VII le natif errera à travers monts et vallées, parcourra les rives des plages et contournera les rivières, il rencontrera des gens bons, mais vivra sans épouse et les joies conjugales. En maison X il atteindra une position égale aux rois et jouira d’une grande renommée. Il sera riche et aura une famille nombreuse.   
      
D’après l’opinion des contemporains : 

Si Jupiter est conjoint à Mars, le natif aura une grande vitalité, il sera optimiste dans sa démarche et aura le sens des opportunités. L’esprit d’initiative, audacieux, ambitieux, aptitude aux commandements. L’aspect est bon pour les finances et attire les gains dans les procès. On voit les choses en grand, mais on manque de discernement dans les détails. En maison VI il fait les médecins militaires, chirurgiens ou acuponcteurs. Courageux, le natif à foi en son étoile. A la moindre provocation le natif exige un challenge et aime la compétition. Habile dans l’art de la confrontation, fasciné par les défis, manque de modération, ne croit pas à l’échec, cherche la renommée et la reconnaissance. Cet aspect combine la force et l’intelligence et rend victorieux.

D’après l’astrologie persane 

Messager des dieux (le messager d’Ormazd-Jupiter), guerrier juste, combattant redoutable, voyageur courageux, lutte pour la justice, le sauveur, vaincre au nom de Dieu, guide éclairé, guerrier spirituel (en XII). L’aspect donne la passion de Dieu et des savoirs sacrés, il accorde richesses et renommées. En Bélier et en maison X, la conjonction fait un roi courageux et conquérant qui risquera sa vie pour son peuple, en maison V et en Taureau la conjonction fait un jouisseur ayant un appétit charnel inextinguible, elle rend chanceux et riche, en Gémeaux il fait un grand savant, écrivain ou orateur, en Lion il fait un chef redoutable, capable d’entrainer des foules nombreuses et d’accomplir de grands exploits, en Balance il fait les magistrats et les juges incorruptibles, en thème féminin il fait les courtisanes les artistes et les séductrices, en Scorpion il fait les gourous manipulateurs et fanatiques, ayant un grand pouvoir magnétique de séduction et qui abusent sexuellement de leurs adeptes. En négatif l’aspect rend, impulsif, fanfaronne, menteur et fourbe. 

Talisman de Jupiter conjoint Mars





A graver le 07-01-2018 (à 12h16 heure locale pour la longitude d’Ille et Vilaine Bretagne). Talisman à graver sur de l’étain pure. Extrêmement puissant, apporte victoire, accomplissements matériels, notoriétés, brise les obstacles avec force. Peut  être dangereux et causer péril dans les mains d’un esprit faible et impulsif.   

Jupiter conjoint Mars à 18° de Scorpion 
Sol à 17° de Capricorne conjoint Vénus à 16° sextile Jupiter et Mars 

Pour Ille et Vilaine ASC à 9° de Bélier conjoint Algenib (de al-Janah, l'aile. Gamma de Pégase / mag ; 2.9). Correspond au Guerrier Noir et aux génies du feu d'après l'astrologie Chinoise.     

2 commentaires:

  1. Article passionnant ! Avez vous l'intention de traduire ce précieux manuscrit, parce que c'est exactement le genre d'information qui manque à l'astrologie traditionnelle. Du concret, du solide, du pragmatique. Autre chose très étrange, j'ai imprimé le talisman de Jupiter Mars et rien que le papier imprimé génère une très grande force !!! je traverse en ce moment une période très difficile et en portant le talisman sur moi, je sens les forces négatives se dissoudre ! comment expliquez vous cela ? merci d'avance Antoine

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    1. Oui, j'ai l'intention de traduire le manuscrit, toutefois datant du XVIème siècle, écrit à la main et avec l'écriture dite nastaliq, ce n'est pas chose facile, certains passage se lisent facilement, et d'autres me donne du fil à retordre ! Concernant votre remarque par rapport au talisman imprimé, j'avoue que ce n'est pas la première fois que cela arrive, et honnêtement j'ignore comment cela est-il possible ! Est-ce les ondes de formes, est-ce la simplicité des images qui évoqueraient des archétypes ? les images agissent-elles sur le même principe que le radionique ? franchement cela me dépasse ! Mais l'important c'est le résultat, ce talisman est à double face.

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